Cher François Truffaut,
J'ai été tres sensible à vos quelques mots sur Jules et Jim, dans Arts, notamment à : " ... grâce à une morale esthétique et neuve sans cesse reconsidérée."
J'espère que vous la retrouverez, encore plus, dans: Deux Anglaises et le Continent, que vous allez recevoir.
Cher François Truffaut,
Je vous fais envoyer à Arts cinq exemplaires de Jules et Jim.
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C'est pour moi un événement très souhaité que vous passiez a la mise en scène ! Je me sens sûr de vous.
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Je suis touché par votre approbation.
H.-P. R.
P. S.-Avez-vous lu Mon amant se marie de Thora Dordel ?
C'est magnifique, peut-être introuvable. Je pourrais vous le prêter. J'ai traduit vers 1905, avec un Russe, L'Oncle Vania de Tchékov. Trop tôt. Personne n'en a voulu alors. Idem, vers 1906, pour La Ronde de Schnitzler.
Cher François Truffaut,
C'est de la divination, oui, la girl de votre carte ressemble à Anne.
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Je quitterai Paris vers le 20 juin pour Saint-Robert (Correze) (adresse suffisante), pour trois mois. Si vous venez voir un jour la splendide grotte de Lascaux, elle n'est qu'à 30 kilomètres de chez moi, où vous êtes invité.
Bien amicalement a vous.
H.-P. R.
P. S.-Je pense à votre futur film !
Cher François Truffaut
Nous avons été ravis. L'absence d'applaudissements nous a surpris. Mon fils m'a dit qu'on n'applaudissait pas aux films ? Ci-joint dix lignes. Servez-vous-en si elles sont utilisables ? Ce dont je doute !
POUR "ARTS"
Encore à propos des "Mistons"
De la jeunesse à flots toute simple. Qu'elle est jolie, toute crue, cette mince fille à bicyclette, dans la lumière de Provence! Elle embrasse son ami, comme du pain, et lui elle. Ils ne font que cela, sans se repaître, sans nous lasser; avec le goût de jamais assez. Une bande de galopins jaloux, Les Mistons, persécute les amoureux. Quand ils se trouvent seuls devant le vélo qu'elle vient de quitter, l'un d'eux baise doucement le cuir encore chaud de la selle. Ce film évite dépenses, condiments, conventions. On y boit comme à une source. C'est la première trace sur l'écran de la manière de François Truffaut, qui nous apporte du tout frais aussi bien comme meneur en scène que comme critique.
H..P. R.
Cher François Truffaut,
vous n'imaginez pas combien votre lettre me fait plaisir.
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J'attends donc l'adaptation résumée (oui, l'esprit et la morale du livre). Nous quatre étions heureux de voir ce que vous appelez votre petite projection. Ce fut ma dernière sortie. Depuis je suis à la chambre. Tout a fait content, sauf que je n'ai encore vu aucun film de B. B. qui me plaît à travers vous et ses photos. Grand merci pour votre Entretien avec Jean Renoir. C'est pour moi une révélation. C'est si sage, instructif, émouvant, entraînant, humain, vrai.
H.-P. R.
Cher François Truffaut,
Savez-vous que votre parenthèse inattendue dans votre article de cinéma dans Arts, il y a deux ou trois ans, a été un soutien pour moi ? Je n'ai pas été assez bien pour sortir et aller revoir "Les Mistons" à la Pagode. J'espère l'être pour "Les Quatre Cents Coups" ! (Bon titre.)
(Jacques Laurent a fait un étonnant effort sur moi lors de Jules et Jim, et a causé un article dans Match. Les Deux Anglaises et le Continent ont eu quelques excellentes critiques, sans victoire).
Votre fidèle.
Cher Francois Truffaut.
Je serais heureux d'avoir votre sentiment sur mon testament de collectionneur paru dans L'oeil de mars 1959, que vous allez recevoir, sous le titre Adieu, brave petite Collection !
J'espère que vos projets prennent bien corps. que ça se développe bien, et je vous envie d'être plongé là-dedans, bien que cela doive être parfois dur ?
Fidèle à vous.
H-P. R.